La commande bulbaire
Dans la vie courante, la respiration est un acte qui est quasi-inconscient, involontaire. Et c’est tant mieux ! L’automatisme ventilatoire est commandé par les centres bulbo pontiques : c’est le contrôle métabolique de la respiration.
Cette commande automatique bulbaire est de nature inconsciente. Notre automatisme respiratoire bulbaire est bienvenu : il nous permet de ne pas penser à respirer et à préserver nos ressources cognitives (mémoriser, raisonner, s’exprimer, bouger…).
La commande corticale
Mais c’est aussi un acte sur lequel on peut largement intervenir de façon consciente et volontaire, en le variant de très multiples façons avec des répercussions à beaucoup de niveaux.
C’est une autre commande, dans une autre zone du cerveau. Le contrôle volontaire de la respiration dépend de l’activité d’un large réseau neuronal cortico-sous cortical.
C’est le cortex moteur qui est en quelque sorte « le jardin » de tous les actes volontaires et il y a une place pour la respiration.
La tradition du yoga
Si on ne fait que des respirations spontanées, on ne visite pas toutes « les pièces du château ».
Nous sommes au cœur même du yoga !
Les yogis experts, à force d’apprentissage, ont réussi à automatiser certains comportements respiratoires acquis volontairement. Ils avaient compris qu’ils pouvaient automatiser par apprentissage des modes respiratoires dont la commande serait corticale.
C’est à dire que les techniques puissantes (vers lesquelles il faut aller avec prudence) de pranayama (contrôle du souffle), en passant par le chemin cortical, influence progressivement l’automatisme respiratoire. A force de s’entraîner, le yogi peut se déconditionner du rythme binaire (insp/expir) auquel nous sommes apparemment assujettis pour laisser de l’espace à la suspension (kumbhaka : un vase ou cruche pleine ou vide). De cette immobilité du geste respiratoire qui devient, par apprentissage, non volontaire, naît une sorte de « respiration intérieure ».
Au-delà de l’harmonisation de la respiration, il est demandé au yogi dans sa progression personnelle, d’aller vers un moment où ce n’est plus lui, avec sa volonté personnelle qui s’efforce de respirer, mais où il est respiré.